Nous vous invitons à vous reporter aux numéros qui figurent sur le plan terrier de l'église, ci-dessous.
Sur ce plan, cliquez sur les differents numéros pour voir les photographies des differents éléments
Laissons-nous imprégner par l'atmosphère, l'équilibre, la pureté, la sobriété qui se dégagent de ce joyau
Dans ses grandes lignes, l'église est telle qu'avant 1554, avec son incorporation aux anciennes fortifications. Au nord-ouest, la présence de la tour Sainte-Barbe ( A ) explique la forme insolite de l'église : la dernière travée est plus courte avec une arcade plus basse et la jonction se fait par deux chapiteaux superposés.
Rejoignons à présent le choeur en empruntant le couloir de la nef centrale ( B ).
L'arcade en plein cintre qui l'ouvre semble appartenir à l'époque romane. Bien qu'à l'origine à chevet plat, ce choeur, agrandi au XVIe S. en forme hexagonale, se développe dans les limites très courtes imposées par la place du Bailliage située en contrebas.
Lors de sa restauration, un maximum de clarté fut désiré et obtenu pour l'espace de la liturgie. Des 6 fenêtres ( C ) tombent des jeux éblouissants de lumières variées. Confiés à l'entreprise Ganton, de Gand en 1930, les vitraux représentent dans la partie inférieure le collège des 12 apôtres - y compris saint Paul- ; dans le registre supérieur, des anges portant les symboles des vertus théologales et de l'eucharistie. Dans la chapelle de droite (D), les fonts baptismaux sont recouverts par une jolie cloche en dinanderie du XVIe S. ; les fenêtres illustrent le Baptême du Christ par saint Jean le Baptiste et la Visitation de la Vierge Marie à sa cousine Elisabeth. Admirons ici, dans un parfait état de conservation, la pierre tombale en marbre noir et blanc de Philippe Tayenne et Marie Scaillet, son épouse et dans le choeur, celle de Hubert Chesneau et de Jehenne de Bleret, qui a conservé sa polychromie d'origine.
Redescendons l'escalier située à la gauche (E) et admirons d'autres verrières : l'Annonciation, la Nativité et une superbe Assomption oû la Vierge Marie est couronnée par la Sainte Trinité. En face, une inscription lapidaire (13) datée de 1677, commémore le pèlerinage que fit par trois fois à Saint-Jacques de Compostelle, Lambert Melan.
Repassons devant le choeur et admirons le superbe banc de communion (11), rare vestige de l'aménagement de l'église au XVIIIe S.
De style régence, il épouse harmonieusement l'entrée du choeur. Les fuseaux, en cuivre massif, sont du XVIIIe S.
Poursuivons la visite et attardons-nous au magnifique « retable de la Vraie Croix » (9)
Située aujourd'hui à droite du choeur, se trouve ici une des pièces majeures conservées dans l'église Saint Lambert.
Cette oeuvre anversoise est due au mécénat d'une riche famille de batteurs de cuivre de Bouvignes, les Patenier-Bouille -l'un des membres de cette famille illustre fut Joachim Patenier (1485-1525), peintre paysagiste de renommée internationale Quant à la famille Bouille, dont de nombreux descendants résident toujours à Bouvignes, elle a donné à la ville des administrateurs tant civils, religieux que militaires.
Réfugiés à Malines peu avant le siège de la ville en 1554, ils sont à l'origine de ce magnifique devant d'autel : « Cent écus au soleil, pour l'achat d'une tombe pour mettre sur le grand autel », tel était le souhait de Jeanne Bouille et Jehan Patenier dans leur testament de 1555. Le retable est réalisé par les ateliers des imagiers anversois. Les donateurs se seraient mis en contact avec un de leurs concitoyens, du nom de Jehan Joly (ou Vohy), établi comme sculpteur à Anvers dans le second quart du XVIe S. Joly présidait à la destinée de la Confrérie de Saint-Luc qui comptait un grand d'artisans : sculpteurs, doreurs et peintres Rien ne s'oppose à ce que Jehan Joly ait participé à l'exécution du retable, dont la commande se situe aux alentours d'octobre 1555 à mars 1556. Un examen endochronologique réalisé en 1992 par l'Institut Royal du Patrimoine Artistique (IRPA) de Bruxelles, lors de la restauration du retable, a permis de situer vers 1552 l'année oû fut abattu un chêne proche de la mer Baltique et qui servit à sa fabrication !
Conçu pour être placé au maître-autel de l'église, le retable de la Passion dit aussi de « la Vraie Croix » est resté pendant deux siècles l'ornement principal du choeur, avant d'être transféré dans une chapelle latérale en 1766, date à laquelle il fut amputé de ses panneaux latéraux, aujourd'hui disparus.
En 1928, le chanoine Hayot décèle immédiatement la valeur de l'ouvrage lorsqu'il le découvre démantelé dans un grenier. Aidé par Jean Leuthard, un artisan ébéniste local, il reconstitue cet immense puzzle aux morceaux épars.
Sollicitée pour que cette oeuvre soit une pièce maîtresse de l'exposition des retables de la cathédrale d'Anvers en 1993, la Fabrique d'église de Bouvignes, placée à l'époque sous la présidence de Monsieur Marcel Mosty, réussit l'exploit de couvrir la totalité des frais de restauration par un mécénat privé : la Fondation Roi Baudouin et la Loterie Nationale.
Les six panneaux aujourd'hui conservés illustrent un thème privilégié par les imagiers anversois : la passion du Christ. De gauche à droite et de bas en haut, on peut contempler : la flagellation, l'ecce homo, le couronnement d'épines, le portement de la croix, la crucifixion et la déposition. L'ensemble s'inscrit dans un décor fait d'architectures à arcades, reposant sur des colonnes oû chaque scène est bien mise en relief à la manière des retables issus de cette période de la Renaissance flamande.
Avant de quitter ce chef-d'oeuvre, admirons l'élégante figure de la Vierge (8) , en bois doré attribuée au sculpteur Léonard Muselle, située à droite du retable. Elle date des environs de 1600 et provient de l'ancien couvent des Pères Augustins de Bouvignes. Face à elle, dans une niche de bois, une représentation de saint Fiacre (7) , moine cistercien, invoqué pour les jardins et les jardiniers. Notre visite sera ici complète en mentionnant dans la verrière, les armoiries du Chevalier Pierre Bauchau et son épouse Dame Colette Bourguignon, mécènes de notre église, et dont les ancêtres participèrent activement à la prospérité de Bouvignes. La devise familiale : « Dieu nous garde », rallie et pacifie toutes les bonnes volontés.
Réengageons-nous à présent dans la nef.
La chaire de vérité (17) frappe par la densité de sa sculpture.
Réalisée vers 1615-1637 et attribuée au français Pierre Schleiff, elle est acquise par la Fabrique d'église en 1770, à l'abbaye des chanoines prémontrés de Floreffe. Le dossier et l'abat-voix ont malheureusement été enlevés lors de la restauration de l'église consécutive aux travaux entrepris en 1920-1924. Il semble, par ailleurs, qu'ils n'étaient contemporains à la chaire elle-même.
Le débordement des sculptures met en évidence quatre panneaux qui entourent la partie centrale. Ils représentent la Vierge Marie, saint Jean l'évangéliste, saint Augustin et saint Norbert, fondateur des Prémontrés. Un extraordinaire étalage de feuilles, de fruits et de fleurs les englobent, le tout appuyé sur un socle illustré par la figure des quatre évangélistes (saint Matthieu : l'enfant ; saint Jean : l'aigle ; saint Luc : le taureau ; saint Marc : le lion). Le départ de l'escalier est gardé par les « deux Hermès des princes des apôtres », saint Pierre et saint Paul.
Au retour vers le choeur, la porte de la sacristie (F) , de style baroque, mérite aussi l'attention. Ornée des deux anagrammes du Christ (IHS) et de la Vierge (MARIA), elle provient des stalles du choeur détruites en 1914. (les médaillons placés sur le mur du collatéral sud sont de la même origine).
De part et d'autre de cette porte, sur un joli parement de marbre qui ornait jadis tout le choeur, les statues de saint Augustin (16) à gauche et de saint Chrodegang de Metz (15) à droite. Ces sculptures proviennent de l'église du couvent des Pères Augustins de Bouvignes, démolie au XIXe S. , lors de la construction de la voie ferrée. La sacristie, ancienne chapelle dédiée à saint Lambert, conserve aussi un vitrail ancien (14) daté de 1562 et fixé dans un ensemble plus grand illustrant le saint patron de l'église et plus haut, dans la cartouche, saint Anne.
Diverses statues rappellent aussi la piété populaire des Bouvignois : sainte Marguerite d'Antioche (19) , saint Antoine du Désert (3) , saint Antoine de Padoue (18) , plusieurs Vierges à l'enfant (5 et 8) .
Une élégante sainte Anne (6) , en bois polychrome du XVIIe S., rappelle aux visiteurs qu'une Confrérie attachée à son culte depuis le milieu du XVe S. et toujours en activité existe à Bouvignes : elle défend les vertus familiales que sainte Anne, mère de la Vierge Marie et grand-mère du Christ, a largement prodigué.
Revenons progressivement à la hauteur de la tour Sainte-Barbe (A). Un autel vient d'y être récemment aménagé en l'honneur de la Vierge Marie, invoquée à Bouvignes sous le vocable de Notre-Dame du Perpétuel Secours. Au plus fort des combats d'août 1914, le curé de Bouvignes promet à Notre-Dame que si elle protège la cité du fléau dévastateur de l'armée allemande, les Bouvignois l'honoreront tous les ans d'un procession. Bouvignes épargnée rend chaque année, le dernier dimanche du mois d'août, hommage à Marie pour avoir été protégée, elle, ses enfants et ses habitations.
Dans la superbe abside ouest appelée « le vieux choeur » (G), deux petites niches murales abritent une élégante sainte Barbe (23) polychrome, à gauche et un saint Laurent (21) , de belle confection, à droite. En-dessous, est conservé la croix du clocher, attendant patiemment le jour oû elle sera replacée. Deux pierres épitaphes nous rappellent deux figures marquantes de l'histoire de Bouvignes : saint Walhère et Henri Blès.
Le pavement et les murs du « vieux choeur » sont agrémentés de diverses pierres tombales déménagées en 189O, lors des travaux de l'escalier de l'église et le déménagement du cimetière au nord de la cité. En face, les orgues (30) , dans un buffet central (24) du XVIIIe S., restaurées en 19O2 par la manufacture Salomon Van Bever, de Gand, appuient toujours la liturgie et le chant choral.
Juste en-dessous, la chapelle d'hiver (H) est conserve à présent le trésor de l'église et le retable de Sainte-Ermelinde.
Ne quittons pas l'église sans contempler le Bon-Dieu de Pitié (1) , sculpté dans un extraordinaire assemblage de chêne maintenu par des chevrons de bois. Son dramatisme, son visage de souffrance ne peut laisser indifférent. Elle est attribuée à un sculpteur anonyme : « le Maître de Bouvignes » et daterait du milieu du XVe S.
Au-dessus de la porte d'entrée, admirez aussi cette belle évocation de Bouvignes d'autrefois dans cette oeuvre (29) du peintre namurois Ferdinand Marinus. A gauche, une niche nouvellement restaurée par les soins de la Fabrique d'église, abrite une statue de saint Walhère (2) .
Enfin, à gauche de l'entrée, une pierre épitaphe dont le texte latin rend hommage au chanoine Hayot pour toute l'oeuvre entreprise. En voici la traduction :